S’il y a une raison pour laquelle j’aime particulièrement le mois d’octobre, c’est Halloween ; l’occasion rêvée pour une gloutonnerie de bonbons devant un film d’horreur. Alors pour l’occasion, je vous ai concocté une courte de liste de cinq films – comédies ou cinéma de genre – dans lesquels la cuisine, et plus largement le rapport à la nourriture deviennent absolument effrayants. Attention aux âmes sensibles, haut-le-cœur en perspective !
Bienvenue dans la boucherie de Svend la sueur et Bjarne le timide. La boutique ne paie pas de mine, mais elle a beaucoup de succès. Tout le monde se rue sur la spécialité : les « volaillettes » – une viande très particulière dont l’approvisionnement est plus que délicat…
Dans cette comédie danoise tout à fait désarmante, l’humour noir est le maître-mot. On côtoie la folie : celle des protagonistes principaux évidemment, mais pas seulement. On rit jaune, et on en sort avec un goût un peu bizarre dans la bouche. L’histoire est rocambolesque, mais le message intéressant : il interroge sur l’ambition démesurée et le besoin de reconnaissance, ainsi que sur la norme et l’atypique, le « fou » n’étant pas toujours celui présenté comme tel.
Je n’en dis pas plus de peur de trop en dévoiler : il faut voir ce petit bijou !
À 16 ans, Justine intègre une école de vétérinaire dans laquelle sa grande sœur Alexia est, elle aussi, élève. Elle est contrainte de manger un rein de lapin cru pour un bizutage alors qu’elle est végétarienne. Cet épisode réveille en elle un appétit de viande incontrôlable qui dévie dangereusement vers l’interdit…
Avec Julia Ducourneau, il faut avoir le cœur bien accroché. Certaines scènes sont honnêtement difficiles à regarder. Le film est néanmoins un chef d’œuvre, et pas seulement parce qu’il frise l’insoutenable. Le propos de fond est intelligemment amené : à l’insupportable pression sociale qui pèse sur la jeune protagoniste – sur ses convictions profondes, mais aussi sur son corps et sur sa sexualité – répond un appétit d’une violence démesurée. Ce n’est pas du gore pour le gore, mais du gore qui réveille, qui bouleverse et qui questionne sur les injonctions qu’est amené à supporter une adolescente. Ou comment le cinéma d’horreur peut aussi avoir une vocation sociale. Brillant !
Impossible de proposer une liste de films d’Halloween « coupe-faim » sans une référence « zombis ». Et en la matière, il y a pléthore de choix ! Celui que j’ai sélectionné pour vous n’est pas forcément le plus gore, mais à mon sens le plus original.
The Battery est un road movie post-apocalyptique, un genre de Into the wild dans un monde où la civilisation a été dévastée par une épidémie. Ben et Mickey en sont rescapés et tentent de survivre dans la campagne de la Nouvelle-Angleterre en se cachant des « infectés » qui menacent de les mordre et de les contaminer.
Si le synopsis est assez classique, la réalisation un peu décalée dénote par rapport aux autres films du genre. Du fait de son petit budget, la mise en scène est sobre et réussit à créer une surprenante ambiance à la fois calme et angoissante. On ne s’encombre pas de sur-justifications : rien n’est dit sur les causes de la « zombification » de la population, et ce n’est pas nécessaire. L’objet du film, c’est avant tout l’évolution des personnages, leur survie et leur adaptation à ce nouveau mode de vie.
The Battery nous emmène en balade sur des routes de fin du monde, parsemées de zombis, sans trop d’hémoglobine. Et ça fonctionne très bien !
David Cronenberg est maître dans l’art de mettre en scène le répugnant. Avant les années 2000, ses films sont marqués par une esthétique très particulière, avec une direction artistique qui travaille autour de l’organique, qu’il s’agisse par exemple de Chromosome 3 (1979), de La mouche (1986) ou encore d’ExistenZ (1999). Le festin nu se situe dans la même veine.
William Lee est exterminateur de cafard. Il travaille avec un insecticide sous forme de poudre jaune également utilisée comme une drogue. Sa femme, qui y est accro, lui vole constamment ses réserves. Il la tue par mégarde d’un coup de révolver, et est contraint de fuir dans l’ « Interzone » pour échapper aux forces de police.
Sur son parcours, il rencontre des créatures toutes plus répugnantes les unes que les autres, à commencer par un gros cafard dont la bouche est située sur le dos et ressemble à un anus. Par ailleurs, il est de nouveau confronté à la drogue. Celle qui circule dans l’ « Interzone » s’appelle la « black meat » : c’est une poudre composée de « centipèdes aquatiques du Brésil », sortes de gros scolopendres. Voilà qui est fort peu ragoûtant…
Cronenberg manie le gore et l’incommodant avec beaucoup d’aisance. Il faut donc s’attendre à être surpris, et probablement perplexe.
Pour les curieux et les curieuses : voir la passionnante analyse critique du blog Le cinéma avec un grand A.
Il s’agit de la suite de l’Attaque des tomates tueuses du même réalisateur, dans lequel des tomates, qui grossissent lorsqu’elles entendent de la musique (oui oui, vous avez bien lu !), s’attaquent à la population et envahissent toutes les grandes villes des États-Unis. L’histoire n’est pas très compliquée, on a donc pas forcément besoin de le voir pour comprendre le deuxième opus.
Le retour des tomates tueuses se déroule quelques années après le massacre. Les tomates ont été interdites sur le territoire et font l’objet d’une importante contrefaçon. Le Dr Gangrène, à l’origine des mutations qui avaient engendrées le désastre, s’est enfui de prison et fait de nouveau d’étranges expériences dans son laboratoire…
On passe dans la catégorie des films de série Z. Il ne faut clairement pas regarder Le retour des tomates tueuses avec trop de sérieux. Le côté « nanar » est complètement assumé, ce qui autorise quelques mises en abîme et beaucoup d’autodérision. Outre le thème complètement loufoque, les effets spéciaux sont à mourir de rire. Surtout, c’est l’occasion de découvrir l’un des premiers rôles de Georges Clooney ; et rien que pour ça, ça vaut le coup !
Et si vous voulez vous régaler avec d’autres références du genre, jetez un œil ici !
Annabelle Dumoutet
CULTURE FOOD